TEMOIGNAGES MAUVAIS SOUVENIRS

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Les témoignages appartiennent à ceux qui les expriment et n'engage pas le blog et ses auteurs. 

26 Février 2023 - Béatrice.

Bonjour,
J'ai séjourné dans ce centre de mai à juillet 1960, pendant 3 mois, avec mon frère jumeau, Serge. Nous n'avions que 2 ans ! Nous n'étions pas rachitiques et n'avions pas de souci de santé autre. Une " gentille" assistante sociale, très motivée, avait fait le "forcing" auprès de nos parents pour les encourager à nous laisser partir....Très réticents, ils ont fini par accepter, ce qu'ils ont beaucoup regretté par la suite ! En effet, non seulement, ils ont du batailler pour nous faire revenir, mais ils ont récupéré 2 très jeunes enfants dans un état général pire qu'au moment du départ !
Ils ont vaguement entendu parler par la suite de scandale lié au décès d'un enfant...Tout a été plus ou moins étouffé.
Bien des dizaines d'années plus tard, quand j'ai réalisé le traumatisme de mes parents, j'ai voulu recueillir des informations sur ce centre. Mais RIEN, ABSOLUMENT RIEN.
Je n'ai trouvé que le blog de Kevin, où j'ai pu m'exprimer. D'autres personnes se sont exprimées également. J'ai pu faire connaissance avec Maurice. A 2 ans on n'a pas de souvenir conscient. Tous les traumatismes sont logés dans l'inconscient. Maurice a pu me raconter ses souvenirs. Ce qui m'a beaucoup aidée.
Je ne supporte pas la violence et la maltraitance faites aux enfants.
Je suis éprise de justice.
Dans cette affaire, il y a beaucoup de victimes, trop de victimes !
Il y a aussi beaucoup de coupables qui ne rendront jamais de compte de leurs actes, beaucoup sont décédés....
Mais quand la parole se libère, cela fait un bien fou !
Béatrice, une rescapée 

Noël C. 31 janvier 2022

J'ai découvert très tard, les courriers échangés du centre Hélio Marin, avec mes parents. A 2 ans, je suis arrivé au centre le 03 sept 1960 et j'en suis ressorti le 1 juin 1961, j'avais 3 ans, fin des courriers. Lorsque l'on m'a remis toutes ses lettres, après le décès de ma maman, ce fut un choc ! J'avais plus de 50 ans !

Les meilleurs souvenirs sont, le soleil la mer et l'amour que j'ai reçu des mamans, mais le prénom que j'ai le plus en tête ! c'est maman Janette No..... . Maman Janette, dans une lettre, précise quelle va arrêter de travailler au centre, parce que elle à 2 enfants à élever qui sont encore petits et qu'ils ont besoin d'elle !

Après ce séjour, de retour chez mes parents à 3 ans, ce fut des plus chaotiques. Suite à des accidents de vies, après tant d'années, ces souvenirs avec douleurs sont remontés dans ma mémoire.

Certains souvenirs plus personnels, je ne peux pas les écrire ici. Tout cela a réveillé ma mémoire d'enfant. J'arrête là mon histoire, je sens bien qu'il est vraiment trop tard pour recueillir des informations sur Jeannette. Je vous remercie de tout cœur ! Votre blog et très intéressant.»

10 déc 2020 - Yolande


28 Janvier 2021 - Thierry D.

1967. Les formalités et hop l'enfer commençait, une directrice en blouse blanche, une chevelure blonde rousse mi court, femme corpulence forte qui en impose. Le bureau était à droite en rentrant, ça je m'en souviens car elle inspectait les gamins quand on rentrait de la plage ou nous avions interdiction de nous baigner, cette plage que je n'ai vu que 3 fois en 6 mois.

Un peu plus à droite, des portes battantes ouvraient sur le réfectoire, la purée de pois cassés, la purée de morue dans des plateaux en fer comme à l'armée était notre quotidien.
Nous devions faire les siestes et nous n'avions pas le droit d'aller aux toilettes, d'où le fait que j'ai uriné dans mon lit jusqu'à l'âge de 12 ans.
Maman Yvonne, une jeune délurée, se promenait en petite culotte et seins nus pour voir si nous dormions ! tu parles, les jeunes ados de 15 ans n'attendaient que ça pour foutre un bordel monstre pour qu'elle revienne!
C'est pendant ces siestes que le pire pour moi est arrivé, un jeune de couleur âgé de 13 ans venait me violer dans mes draps, ça n'a duré qu'une semaine. Après, il est passé à un autre. personne n'a rien vu et personne n'a rien dit, interdiction de se plaindre sous prétexte de ramasser une volée.
La nuit, ça allait un peu prés si on fermait les yeux et surtout les oreilles.
Un jour, j'ai voulu écrire à ma mère en passant par le biais d'une maman qui me paressait bien car le courrier était lu et détruit si on se plaignait. Hé bien c'est grâce à ce courrier que ma vraie maman, nous a récupéré in extrémiste car il y a eu des mots très violents dans le bureau avec la directrice et ma mère. On est parti quand même et on a mangé des oranges givrées offertes de bon cœur par ma vraie maman.
On était sauvés.
Voilà mon histoire de gosse dans ce centre de santé plus que centre hélio marin, qui soit disant devait nous apporter du calcium et la sérénité. En résumé, est-ce la destinée ou pas, ma sœur s'est donnée la mort à 39 ans laissant trois enfants, et moi je n'ai jamais réussi ma vie conjugale et à 60 ans je suis suivi pour dépression car tout ça est remonté à la surface il y a peu. Merci de m'avoir lu, bonne chance à tous ceux que j'ai lus.


13 août 2020 - Régine

J'ai séjourné dans cet aérium durant 3 mois à l'âge de 5 ans, venant de Paris. Comme vous tous ce ne sont que de très mauvais souvenirs. J'ai toujours eu en mémoire des images, des scènes qui m'ont marquées à vie, mais de lire certains témoignages ils m'en remémorent bien d'autres. J'y entrais pour «rachitisme» en juillet 1957. Le bulletin médical du centre de santé certifié par le médecin-chef, me jugeait « maigre, hypotonique, présentant des stigmates de déficience générale, mais qui devaient être améliorés par l'action revigorante de l'air marin et du soleil. Durant mon séjour je me souviens avoir contracté la jaunisse. La cause ? Une affection du foie ou de la vésicule biliaire ou une anémie ?
J'ai également développé une série de furoncles purulents d'une extrême douleur ! qui me sont apparus sur les fesses (pourtant rare chez l'enfant) dû à un déficit immunitaire, une carence en fer ou une infection cutanée liée au staphylocoque doré ? Je ne sais si mes parents se sont préoccupés d'en connaître l'origine ? Je n'en ai jamais rien su. Toutefois à la sortie le 28 septembre 1957 toujours selon le bulletin médical, me voilà « engraissée, avec un bon teint et tonifiée, les ganglions ayant régressé » aux dires du médecin-chef !

Depuis mes récentes recherches, je suis atterrée de découvrir un article dans « le Monde » publié le 4 février 1961.
« DEUX ENFANTS MEURENT DES SUITES D'UNE INTOXICATION GASTRO-INTESTINALE »
« dans l'aérium d'Ilbarritz, établissement situé à la limite de Biarritz et de Bidard, et recevant de très jeunes enfants envoyés principalement par les caisses de Sécurité sociale de la région parisienne, et ayant besoin d'un séjour en climat maritime. Parmi les deux cents enfants qui séjournaient dans cet établissement, une vingtaine ont dû être hospitalisés »

Quant à la vie quotidienne, je me souviens des traitements que je jugeais déjà humiliants du haut de mes 5 ans.Dans ces immenses dortoirs, les lits à perte de vue les uns contre les autres, nous faisions nos besoins chacun dans un pot, à heures fixes, aux pieds de notre lit.
La toilette du matin était faite par les « mamans » sur des tables ! Nous y étions allongées, jambes écartées... Elles étaient toutes très mauvaises, à l'exception d'une ou deux, peut-être.
Pour nous habiller le matin les affaires étaient pêle-mêle dans un carton, chacun y prélevait tel ou tel vêtement à la hâte pour ne pas tomber sur le plus sale, le plus déchiré... Même si nos vêtements pourtant marqués à notre nom étaient portés par d'autres, peut importait ! Tout comme le soir, pour un pyjama ou une chemise de nuit pris au hasard, sale ou en lambeaux... Et l'on se faisait réprimander ou traiter de capricieuse, chochotte, pimbêche ou prétentieuse, si on faisait une remarque....Mes parents sont venus un jour me chercher pour passer la journée à l'extérieur. Ce jour-là, comme par miracle, ma plus belle robe blanche brodée de rouge et mon chemisier ont été retrouvés. Telle une petite poupée, j'ai été coiffée de nœuds dans les cheveux, sortie de ce magnifique palais si prestigieux ! La seule carte postale reçue de mes parents durant mon séjour, et que je gardais sous mon oreiller, m'a été volée.
Lorsque j'ai contracté la jaunisse prise d'une forte diarrhée dans mon lit, j'avais très peur des réprimandes, mais à ma grande surprise ce ne fut pas le cas. J'ai bien vite été isolée, ne comprenant pas pourquoi, et surtout ce qu'il m'arrivait (je suppose que le personnel craignait la contamination...).Oui, les jardins extérieurs étaient bordés de superbes hortensias géants, seuls éléments qui me faisaient rêver en errant dans le parc... Je n'ai souvenir d'aucun jeu, d'aucun dessin ou coloriage, d'aucun loisir. Ce centre accueillait aussi des enfants atteints de poliomyélite qui harnachés de leurs appareils tentaient de marcher entre des barres parallèles. C'était un choc pour moi de découvrir cette misère. Les repas étaient un véritable calvaire. Je me souviens des plats infectes essentiellement à base de féculents et nous ne buvions que de de l'eau salée à tous les repas (pour mieux nous engraisser) Je me retenais tout simplement de boire, nous étions surveillées par des mégères (étaient-ce les « mamans » ?) qui nous contraignaient à finir toutes nos assiettes. Je me suis sentie très seule et abandonnée durant ce long séjour qui m'a semblé une éternité, doublé d'une trahison lors de la visite de mes parents qui, de tous temps, n'ont rien vu, rien entendu, rien voulu savoir.

7 mai 2020 - Martine

J'y ai séjourné 3 mois en 1957, en fin d'année scolaire avec mon frère et ma sœur pendant la période d'été. J'avais 6ans1/2, ma soeur5 ans 1/2 et mon frère 7 ans1/2. Je n'ai eu l'occasion de les voir que lorsque mes parents sont venus nous voir (2 fois en 3 mois). Nous devions appeler les personnes qui s'occupaient de nous "Maman". Je me souviens de maman Michèle qui était la seule personne gentille avec les enfants. Les autres mamans (dont une dame très forte... nous tapait avec un balai lorsque nous faisions la sieste ou bien la nuit si nous demandions à nous lever pour aller aux toilettes... D'ailleurs j'étais tellement terrorisée qu'une nuit je n'ai rien demandé et me suis fait dessus (la grosse commission en plus...) pour éviter les coups que, j'ai bien entendu, reçus quand même, et doublement. Il me revient le nom de maman Jeannette qui était la meilleure tortionnaire.... A table, je n'étais pas trop difficile, je me souviens que c'étaient des purées (la verte avec des pois cassés, la rose (avec du jambon).... on buvait du jus de tomates et je n'aimais pas ça....Mes parents nous avaient donné 20 francs à chacun dans des boîtes de Pulmol, boîtes que nous n'avons jamais retrouvées..... Lors de la première visite, ma maman m'avait apporté le premier prix que j'avais obtenue en CP, et le livre m'a été confisqué... je l'ai retrouvé à la fin du séjour déchiré dans un coin... (c'était "la cigale et la fourmi", rien que d'y penser j'en suis toute retournée encore aujourd'hui....) Je me consolais lors des balades journalières, je me souviens encore de l'odeur de l'iode et des plantes marines trouvées sur le chemin de l'océan. C'est là que j'ai abandonné ma bouée et me suis lancée dans les vagues en faisant quelques mouvements...Je flottais, j'ai appris toute seule à nager...
Maman Michèle nous consolait, je ne sais ce que se disaient ces adultes, j'étais trop petite, mais jamais je n'oublierai ....

25 août 2019 - Joelle.

"La 1 ère année je suis venue avec ma nièce Pascale, je crois que c'était autour des années 65, elle était à la pouponnière. Par la suite je suis venue avec 2 de mes frères et une de mes sœurs. J'avais 6 ou 7 ans à l'époque peut-être moins et nous partions pour 3 mois, nous étions une famille nombreuse et cela soulageait nos parents pendant ce temps.

Nous venions du Puy en Velay en train avec la Croix-Rouge. Il n'y avait pas de places assises dans le train pour tous et nous dormions par terre sur du papier journal. La route était longue entre le puy en Velay et Biarritz, il n'y avait pas de TGV.

Il fallait appeler les personnes qui s'occupaient de nous "maman". Quel traumatisme pour un enfant !! Maman Monique ? Maman Maïté..... Que de souvenirs en regardant ces photos du blog. Il me semble que "maman" Maité était l'infirmière.

Mais pour une petite fille de mon âge que c'était dur.... Je n'ai aucun souvenir de maltraitance,  j'étais tellement dans l'absence de mes parents que je ne verrai pas pendant 3 longs mois.

Sur le blog, j'ai bien reconnu, le bâtiment... Les marches pour accéder dans un grand hall d'entrée...on traversait la route pour aller sur la plage."

Maurice 2020

C'était en 1962, j'avais à peine plus de dix ans, je pensais que tout allait bien se passer. Je tenais toujours solidement la main de ma maman, je pensais que j'allais être heureux quelques mois dans ce centre agréé par le ministère de la santé qu'une gentille assistance sociale nous avait tant recommandé.

La bâtisse paraissait immense, quelques marches encore à gravir au bras de ma maman, l'escalier conduisait dans un grand hall où étaient disposés de beaux meubles, un joli canapé et une Tv que je voyais pour la première fois ! 

Tu vas être bien ici, oui maman !

Une charmante dame très bien habillée s'est avancée vers nous, je suppose qu'il s'agit de Maurice notre futur petit pensionnaire, il a l'air bien mignon nous allons bien nous occuper de lui ! dit-elle.

Ces phrases finirent par me convaincre de la nécessité de ce long voyage et je lâchais la main de ma mère le cœur serré et les larmes aux yeux pour la serrer encore une dernière fois dans mes petits bras.

Mon âme rêveuse voyageait déjà au-dessus de ces vagues qui se déchiraient en grands fracas aux abords d'une plage aux sables éternels.

L'immensité bleue de l'océan, je ne la verrai qu'une fois.

La suite m'apprendra, qu'en gravissant ces marches, je quittais la liberté et que je descendrai celles qui allaient me mener en l'enfer.

Le soir même, le repas était immangeable et la ruée de coups de balais que j'allais recevoir en guise de bienvenu dans un dortoir obscur, emménagé d'une trentaine de lits pour enfants de six ans alors que j'étais dans mon onzième année, en disait long sur le séjour que j'allais vivre dans cette belle ville de Biarritz à 300 m de l'océan, l'enfer..

Maurice.

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